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... aka Reup ...
29 janvier 2010

Les pros

Avouez, c'est plus gratifiant que "les employés". On n'a pas tous choisi la fonction publique pour l'argent, et le service est notre raison de vivre, mais ça coûte rien de se faire plaisir. Bref, les gens qui travaillent à la BnF.

Le site Tolbiac compte 2000 personnes, les 3/4 du personnel de la BnF. vous trouverez des détails ici. Sauf erreur, ce chiffre n'implique pas les personnels extérieurs, qui travaillent au quotidien sur le site. Et ça en fait un nombre de métiers ! Des conservateurs, en chef ou non, des bib, des BAS et assistants à foison, et pléthore de mags et mags-chefs. Mais aussi du personnel administratif, des relations publiques, des affaires juridiques. Et puis des pros de la restauration, des scientifiques, ceux qui bossent sur les expos. Également du personnel de restauration, mais alimentaire, cette fois, les équipes de nettoyage, les techniciens du TAD (transport automatisé de documents, un jour, je vous dirai), ceux des ascenseurs, des courants forts, des courants faibles, du téléphone, des photocopieurs, les serruriers... La médecine du travail, le service social, les agents de sécurité, la brigade de pompiers attachés au site, l'association du personnel, la bibliothèque pro pour les employés, et j'en oublie sûrement encore. En gros, il manque une supérette et un tabac, et c'est une vraie petite ville (chacun sa conception d'une petite ville, hein !).

Et pour le personnel de bibliothèque à proprement parler, chacun trouve sa place dans un organigramme. Moi, je suis à la DCO, la direction des collections, en gros ceux qui gèrent la mise à disposition des ouvrages pour le public. À la DCO, la plupart des départements sont découpés en services, composés de A, de B et de C.

Structure très hiérarchisée, donc, dans une arborescence complexe et cloisonnée, avec les inconvénients et les qualités intrinsèques. On travaille dans une équipe à échelle humaine, sur un espace géographique défini, à des tâches relativement spécifiques, pour lesquelles on bénéficie d'une certaine expertise. Mais dans un même temps, on ne connait pas vraiment les autres habitants de la ville, et cette ignorance s'accompagne bien volontiers de jalousie ou de condescendance, de querelles de clochers et de rancunes tenaces même-si-on-sait-plus-très-bien-pourquoi, et entraine parfois sur certains points une contre-productivité parce qu'on ne tire pas toujours dans le même sens, et des différences qui finissent par atteindre le public qui ne sait plus trop à quoi s'en tenir. Quant à la saine émulation d'une compétition sur les résultats, faut pas non plus dire de gros mots.

Des tentatives sont faites pour améliorer la coordination de toutes ces structures, mais elles se heurtent souvent à deux facteurs. Tout d'abord, chacun est persuadé de faire au mieux, et au vu de la spécificité des tâches et des collections, il est évident que les différentes procédures mûrement réfléchies en interne et fruits d'une longue évolution se veulent adaptées le plus justement possible à cette spécificité. Si on fait pas comme les autre, c'est pas par hasard. Mais en plus les tentatives de coordination tombent toujours du ciel, pardon, de la direction, et les personnels concernés sont trop peu consultés, ou trop tard. Ce que je connais, c'est le magasinage. Le reste, je laisse ça à ceux qui savent, mais en matière de mon boulot quotidien, je ne dis pas toujours n'importe quoi. Alors les décisions qui certes bénéficient d'un recul salutaire, mais où l'expertise technique fait cruellement défaut, ça fait parfois râler.

Pour prolonger la réflexion d'Alain sur le rôle des magasiniers et leur profil, ce n'est pas seulement le bagage universitaire des nouveaux mags qui a augmenté, c'est surtout le métier de mag qui s'est technicisé. Et les mags, jeunes et plus expérimentés, ont développé des connaissances et des compétences indispensables. Et la hiérarchie des bibliothèques, dans les faits, est plus brouillée. Toutes les catégories, tous les métiers ont leurs compétences propres, et, en tout cas à la BnF, les conservateurs touchent tous les jours des livres (avec leurs mains, si, si), et les magasiniers des ordinateurs. Bien sûr, dans une maison de la taille de la BnF, il faut toujours à être prudent quand on entend monter une nouvelle instance, un rouage de plus dans l'usine à gaz. N'empêche qu'on gagnerait sûrement à voir se créer des collèges de mags, pour apporter leur réflexion et leur expertise sur des points qui les regardent tous. À condition, bien sûr, de les écouter au moins un peu...

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