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... aka Reup ...
16 mai 2010

Identifier les armoiries d'une reliure

Les fonds anciens recèlent parfois des trésors, et parmi eux des ouvrages dont la reliure porte les armes d'un précédent propriétaire. Mais ceux-ci n'étant pas toujours identifiés au catalogue, il ne reste plus qu'à chercher. Je suis loin d'être un spécialiste en héraldique, mais si vous non plus, voici quelques outils pratiques sur internet.

 

Ecclésiastique ? Noble ? Au fait, c'est un homme ou une femme ?


(illustration : armes de Pierre-Daniel Huet)Huet

Avant de s'intéresser au blason lui-même, il faut déjà observer ses ornements. Le chapeau est signe que l'on a affaire à une personnalité ecclésiastique. Le nombre de houppes (de nœuds qui pendent de chaque cotés, au bout des cordelières) renseignent sur le rang. Une mitre, une crosse, une croix de procession sont aussi des détails intéressants. Pour les reconnaître, Wikipédia présente un très bon tableau récapitulatif sur cette page. Attention cependant, les rangs ecclésiastiques évoluent, et l'histoire ne retient souvent que le dernier, le plus haut, qui n'est pas forcément celui qu'occupait le propriétaire quand il a fait poser ses armes sur la reliure.

Pas de chapeau ? Cherchez la couronne. Celle-ci vous renseignera sur le titre de noblesse*. On trouve un excellent récapitulatif des différentes couronnes sur le site Héraldique européenne (ainsi que les couronnes d'autres pays européens). Les éventuels manteaux ou dignités de la maison du roi sont aussi utiles. Encore une fois, les armes ne reflètent que l'instant où elles sont posées, attention donc aux évolutions de charges ou de titres.

Marie_Antoinette

Enfin, si vous avez de la chance, vous êtes tombé sur les armes d'une femme. Si le blason est en forme de losange, c'est une femme célibataire ou veuve*. Mais on trouve le plus souvent des armoiries de femmes mariées, identifiables parce qu'elles portent deux écus accolés : à gauche monsieur, et à droite madame. Voici pour exemple les armes de Marie-Antoinette :

Les autres ornements (supports, cimiers, devises) vous seront peut-être utiles pour identifier la personne, mais moins que le blason lui-même.

<update> Avec précaution : le respect des "normes" n'est pas si systématique que ça  (voir le commentaire de RM) </update>

 

Lire le blasonnement


transcription

D'abord, il s'agit de savoir reconnaître les émaux, c'est à dire les "couleurs". On distingue en fait les métaux (or et argent) des couleurs (gueules, azur, sable, sinople, et plus rarement - en France - pourpre, orangé et tanné). S'ajoutent à cela les fourrures (hermine et vair). Sauf que sur une reliure, les émaux n'apparaissent généralement pas en clair, mais en bicolore. La transcription des émaux en noir et blanc est très codifiée.

Cependant, comme nous ne sommes pas non plus en noir et blanc, pour des raisons de lisibilité et d'esthétique, ces normes ne sont pas toujours respectées. Par exemple, les armes royales de France (l'écu de gauche des armes de Marie-Antoinette) sont d'azur à trois fleur de lys d'or, mais représentées beaucoup plus simplement.

Restent ensuite à définir les éventuelles partitions de l'écu (parti, coupé, tranché, taillé, écartelé). Il s' agit du découpage du blason : est-il coupé en deux horizontalement ou verticalement, en biais, coupé en quatre ? Pour pouvoir les nommer, se reporter à l'excellent site Blason. Malgré son apparence parfois vieillotte, c'est une mine d'or, et il est très clair.

Repérez ensuite les pièces, c'est à dire les figures géométriques fixes. Pour les reconnaître, ce même site est le plus efficace, sur cette page.

Enfin, restent les meubles, c'est à dire les trucs les plus remarquables et les plus discriminants : végétaux, animaux, objets... On trouve plein de listes exhaustives sur internet, très utiles quand on connait le nom et qu'on ignore ce que c'est. Mais notre problème est inverse : on voit bien que c'est une sorte d'oiseau sans pattes ni bec, mais on ne sait pas comment ça s'appelle. Le projet:Blason de Wikipédia peut vous sauver, sur cette page illustrée.

Identifier le blason


Vous avez éventuellement des informations sur le titre de noblesse ou la charge ecclésiastique, vous savez si c'est une femme. Vous avez une idée des termes qui seront présents dans le blasonnement de l'écu. La formulation de celui-ci est codifiée : (partition) > émail du fond > pièce(s) ou meuble(s) principaux + émail (+ meuble(s) de charge) > (meuble(s) d'accompagnement).

C'est donc très compliqué, et malgré toute la rigueur de votre apprentissage du formidable site précédemment évoqué, vous risquez d'avoir du mal à formuler le blasonnement de votre écu assez parfaitement pour tenter une recherche Google avec guillemets. Il faut donc souvent agir par tâtonnements. Tous les indices sont bons à prendre : supports, devise, mentions manuscrites presque lisibles sur la garde, chiffres ou motifs très spécifiques sur le dos...

Les meilleurs outils :

 

Les plus : Assez complet, et spécialisé dans le domaine qui nous intéresse. En fin de volumes, des index des pièces et meubles très utiles.
Les moins : En mode image seulement sur Gallica, et de mauvaise qualité (on n'y voit pas grand chose sur les illustrations). Recherche par mot impossible, donc.

 

Les plus : Richement documentée, spécialisée, illustrée d'excellentes photographies, moteur de recherche efficace, facile d'utilisation... Un modèle.
Les moins : Par nature restreinte aux seules collections lyonnaises, donc parfois insuffisamment riche.

 

Les plus : Reprend les armoriaux de Rietstap, d'Hozier, et plein d'autres. Le plus riche que j'ai trouvé (il revendique 150.000 blasons !).
Les moins : Une très longue liste triée par noms, sans moteur de recherche.

 

Les plus : Moteur de recherche avancée intégré, nombreuses illustrations.
Les moins : Moins riche que le précédent, et parfois très, très lent, voire inaccessible.

 

Les plus : Illustré, organisé, avec des informations sur les détenteurs des blasons.
Les moins : Illustrations modernes et normalisées, parfois éloignées des armoiries anciennes trouvées. Beaucoup moins complet que les autres, et organisation figée donc parfois difficile de s'y retrouver.

Pour faire une recherche sur ces trois sites, j'ai fait un moteur Google personnalisé :

 

Après, il ne reste plus qu'à chercher les éléments du blason, et à confronter ses hypothèses sur les différents sites. C'est long et fastidieux, certes, mais je n'ai jamais dit que c'était facile.

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Commentaires
R
Merci pour cet utile billet qui a le mérite de faire le point.<br /> <br /> Je serais juste plus précautionneux en ce qui concerne les couronnes et autres cimiers. Souvent, elles ne veulent rien dire et si certains manuels passent longtemps sur les couronnes de comte ou de marquis, cela n'a jamais été réellement appliqué dans l'usage.<br /> De même pour les écus en losange des femmes : c'est loin d'être systématique.<br /> <br /> Enfin, soulignons que l'héraldique n'est pas (seulement) une fin en soi mais que c'est très utile pour dater une reliure, reconstituer une collection, etc.
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